Comme il est dur d’écrire sur l’absurde, sur les blagues indéfinissables et sur ces drôles d’histoires…
Sur ce roman graphique tout en beige et kaki. Format court pour effet inédit.
Au pays de : « Pris à partie dans un magasin parce qu’il a oublié sa carte de fidélité, un auteur de BD prend la fuite. Débute alors une longue pérégrination aussi comique que philosophique »*.
Zaï Zaï Zaï Zaï est une drôle d’histoire. Aux deux sens du terme.
J’ai entendu parler de ce roman graphique sur un réseau social : quelqu’un, en pleine lecture de ce livre, était littéralement « plié de rire ». Étant souvent émue, parfois amusée, je ris pourtant rarement en lisant, à mon grand désespoir…
C’est décidé, moi aussi, je veux être pliée de rire.
L’absurde
Et j’ai ri. De bon coeur. Au début, presque timide face à cet exercice, j’appréhendais de rire. J’appréhendais surtout de ne pas. Et puis, l’univers graphique du livre me bloquait un peu : les couleurs sont fades, presque si fades qu’en seconde lecture, elles en deviendraient puissantes de fadeur.
Mais comment ne pas être happée par cette histoire insensée, manifeste philosophique et social, dénonciation de l’absurde de la vie par l’absurde du fictif, critique à peine masquée de notre réalité et de sa constante mise en scène… La société de consommation, les médias, les caissières, les journalistes, les policiers, la boulangère, les complotistes et les chanteurs de gospels, les intermittents, bref, choisissez vos clichés.
Le banal est risible. Peut-être est-ce un peu triste. Mais sans doute faut-il parfois s’en rappeler, pour aller au-delà. Peut-être parfois faut-il dénoncer avec humour, juger avec autodérision et montrer du doigt pour prôner l’égalité, l’acceptation et la tolérance ? Peut-être.
En tout cas, dans Zaï Zaï Zaï Zaï , la caricature du nous est fine et fait mouche.
Et j’ai ri de la puissance du réel dénoncée par la profondeur de la fiction.
La phrase : « Bon et toi alors, qu’est-ce que tu deviens ? »
Le tip : soyez sérieux et riez !
L’itinéraire : Fabcaro, Zaï Zaï Zaï Zaï, Éd. Six pieds sous terre, 2015. 72p.
* Résumé emprunté à Télérama