Pourquoi le lire ?
« L’évènement de l’amour est au cœur de ce livre. Depuis les histoires imaginaires que l’on se forge quand on est amoureux jusqu’au désir de vengeance de celui qui est quitté en passant par la jalousie, la fascination, la fusion amoureuse, la religion fraternelle, la dispute, ce livre explore différentes figures de la passion et des blessures de l’attente amoureuse. »
Ni éloge ni réhabilitation, En cas d’amour a ceci de particulier qu’il propose des chemins de découvertes, d’ouvertures et de lectures philosophiques, plus que des discours et déconstructions des définitions du sujet abordé. Bien au-delà d’une seule mise en mots du concept, l’auteure philosophe et psychanalyste mène le lecteur à l’opposé, puisque pour arriver à l’amour, Anne Dufourmantelle construit un puzzle plus qu’elle ne propose.
Elle construit autour de ce qu’elle sait être vrai : les maux de ses patients, seulement.
On en apprend des choses ?
Ardue, parfois abrupte, souvent poétique et à jamais tournée vers l’humain, l’écriture de l’auteure est toujours aussi sensible. Moins linéaire que certains de ses autres ouvrages, il faudra s’armer, à certaines occasions, de courage et d’une envie puissante de comprendre pour justement, ne rien comprendre vraiment.
L’ouvrage semble court, mais est extraordinairement riche. S’il questionne l’amour et ses formes, ses blessures, ses passions, il questionne aussi et surtout le rôle du psychanalyste. Dans une auto-analyse distanciée, Anne Dufourmantelle interroge ses mots et ses actes face à des patients douloureusement atteints d’amour. Elle confie ses impuissances, ses sorties de cadre, sa manière d’être humaine et les transferts qui s’imposent à elle.
Comme toujours, l’auteure emporte le lecteur vers des voies inattendues. Elle confond celui-ci en le perdant entre promesse attendue d’un livre à découvrir et réelle lecture de celui-ci. Peut-être alors remplit-elle parfaitement son rôle : en forçant le lecteur a être déçu par ce qu’il lit, elle lui ouvre une multitude de fenêtre vers une propre lecture de lui-même, de ses déceptions et donc de ses attentes, de l’univers alors auquel, par ses attentes, il se ferme.
Que comprendre ?
Que l’amour est évènement, en ce sens qu’il est « ce qu’il ne devrait pas arriver, mais arrive pourtant ; c’est ce qui fait sensation, c’est-à-dire ce qui nous touche essentiellement. »
À garder en mémoire : « L’angoisse vient quand le sujet ne veut pas savoir de quoi il souffre. Une sourde culpabilité s’insinue jusqu’à lui ôter tout désir. La joie peut-elle nous délivrer de l’angoisse ? Pas toujours… il est parfois douloureux de se libérer des entraves. Renoncer au symptôme, c’est s’exposer à la vie nue. »
Le tip : Ceci n’est pas une « lecture d’été ». Autorisez-vous à sauter des chapitres s’ils vous paraissent trop complexes.
L’itinéraire : Anne Dufourmantelle, En cas d’amour, Éditions Payot & Rivages, Rivages poche, 2009. 208 pages.